VoilÃ
une émotion commune au cheval et au cavalier que personne ne peut
nier.
Pour
le cavalier, la peur est handicapante. Mais elle reste difficile Ã
admettre sans passer pour un couard. Alors elle est cachée, tant
bien que mal ; ou niée, si bien que l'on ne la ressent plus. Ce
manque de congruence empoisonne la relation avec le cheval et
n'aboutit qu'Ã renforcer la peur.
artcheval.overblog
Pourquoi t'as peur ?
|
Elle
devient alors LA raison (plus ou moins consciente) de l'abandon de
l'équitation ou de la vente du cheval.
Mais
il existe une autre émotion qui ressemble de manière superficielle
à la peur et dont les cavaliers n'ont pas toujours conscience, il
s'agit de la vulnérabilité.
Elle
n'est pas à négliger, car bien souvent elle se transforme en peur
ou prend le relais de la peur lorsque la situation varie comme dans
le cas d'un changement de cheval.
Quelques
situations pratiques permettront de définir ces deux émotions et de
comprendre leurs intrications. Ramener ces deux émotions à leur
niveau de base est possible. Des solutions sont à tester avant de
renoncer définitivement à monter à cheval.
Peur
ou vulnérabilité : pourquoi et comment faire la différence
Comme
toutes les émotions, la peur et la vulnérabilité donnent des
informations : l'intégrité physique ou psychique de la
personne est menacée.
La
peur renseigne : l'environnement, la situation extérieure est
dangereuse, il va
falloir agir et vite ». La peur prévient d'un danger extérieur
à la personne. C'est une alarme proportionnelle au danger encouru et
à la sensibilité de chacun. Le cerveau primitif décide de
l'importance et de l'imminence du danger, suite aux expériences
passées.
Chanel
et le tracteur :
Chanel, pouliche de trait de 3ans, n'est pas encore montée mais
suffisamment éduquée pour sortir en promenade en main. Sur les
chemins sinueux de campagne, il peut nous arriver de nous retrouver
face à un tracteur. L'engin prend toute la largeur du chemin et
roule à son rythme qui paraît toujours trop rapide au piéton. La
situation est dangereuse, car pas de possibilité de se garer. On ne
peut pas ne rien faire et nier le danger. Il est nécessaire et
impératif d'agir sur « l'environnement » :
s'assurer d'être bien visible, faire face, demander par signes au
conducteur de ralentir ou s'arrêter en se plaquant contre la haie,
pour que la jument puisse le croiser (ceci ayant nécessité une
éducation de la jument au préalable ). Il peut arriver, quand le
chemin est trop étroit de demander au tracteur de suivre la jument Ã
son rythme à elle jusqu'à atteindre une entrée de pré ou de champ
où elle pourra se garer et le tracteur la doubler.
C'est
une situation dans laquelle la peur est utile, car elle permet de
réagir rapidement et avec à propos, à condition que l'émotion
reste à son niveau d'information et ne se transforme pas en
vulnérabilité.
La
vulnérabilité informe de l'état intérieur de la personne. Elle
n'est pas en mesure d'affronter une situation par manque de
confiance en soi, en ses propre capacités. Elle nécessite souvent
de changer sa propre vison du monde.
Dans
notre exemple précédent, se sentir vulnérable correspond à ne pas
faire confiance au conducteur de l'engin, à la jument qui connaît
les tracteurs, à mes propres capacités à envisager la meilleure
solution : croiser le tracteur ou trouver un endroit plus
propice pour garer la jument, et à me faire comprendre du conducteur
de l'engin et du cheval.
J'espère
que cet exemple illustre également l'intrication étroite entre la
vulnérabilité et la peur. Si on se sent vulnérable, la peur risque
de prendre le dessus et de dériver en panique, paralysie ou actions
inconsidérées et inappropriées. Si on ne tient pas compte de la
vulnérabilité ressentie, la peur ne fera que croître, se
transformera en inquiétude, en anxiété, en confusion, et le fait
de croiser un tracteur finira par devenir impossible, puis le fait
de sortir la jument en promenade deviendra impossible de peur de
rencontrer un tracteur.
Par
contre, les situations de peur correctement gérées permettent de
prendre confiance en soi et de d'augmenter le seuil de vulnérabilité
(de se sentir de moins en moins vulnérable).
Obstacle
C'est pas haut? Ben vas-y toi d'abord! |
Certains
cavaliers avouent parfois leur peur de sauter ou de galoper. LÃ
encore il s'agit de vulnérabilité. Le déclencheur est variable. Le
cavalier est tombé à l'obstacle ou au galop. Mais aussi il se peut
qu'il ait simplement été le témoin de la chute d'un autre cavalier
qui lui est proche ou d'un accident avec un cheval qu'il lui arrivait
de monter.
Dans
tous ces cas, le cavalier qui a peur a pris conscience de sa propre
vulnérabilité. Il n'est pas prêt à galoper ou sauter et ne
l'était certainement pas avant d'avoir pris peur.
Lorsque
l'apprentissage du cavalier se passe bien, celui-ci a tendance Ã
brûler les étapes, à vouloir hâter sa progression. « Qui
veut aller loin ménage sa monture » c'est bien vrai !
Mais pour le cavalier, sa monture c'est non seulement son cheval mais
lui-même. Rester à l'écoute de soi-même c'est rester à l'écoute
de ses appréhensions et intuitions, de ses sensations. Prendre
conscience de soi est une étape indispensable.
"Sans les pieds" : Au
bout de 5 séances R n'arrive pas rester au dessus de ses pieds au
trot enlevé. Ses jambes se « promènent » tellement que
Cupidon s'en agace. Or Cupidon, en général, s'agace surtout de l'incohérence
émotionnelle des ses cavaliers, pas de leur tenue en selle. Il donc temps de discuter
sérieusement. R m'avait déjà dit qu'elle n'avait absolument pas
peur parce qu'elle faisait confiance au cheval. Mais elle n'a jamais
parlé d'elle même ni de son parcours équestre antérieur. Après
questionnement il s'est avéré que R ne sent pas que ses jambes se
« promènent », qu'elle ne sent pas ses jambes au pas, ni
ses genoux, ni ses chevilles, ni ses pieds. Nous travaillons les
sensations à pied qui reviennent, puis à cheval, à l'arrêt et au
pas. Après lui avoir tapoté les pieds, elle me dit sentir une
tension dans ses chevilles. Je lui demande de respirer avec cette
tension et de me dire ce qui lui vient à l'esprit. Elle ne « voit »
qu'une seule chose : elle n'a pas de pied. Elle ne peut pas
tenir debout parce qu'elle n'a pas de pied. Et là , elle m'explique
qu'elle a fait non pas 1 chute, mais 7 chutes d'affilée Ã
l'obstacle en reprise galop 2 parce qu'il fallait qu'elle remonte
pour ne pas rester sur une chute. Or sa première chute l'avait
« amputée de ses pieds » (elle ne sentait pas ses pieds depuis cette première chute). Comment ne pas être
vulnérable sans pieds ? Ou plutôt avec 2 choses inertes à la
place des pieds ? Après cette prise de conscience, nous avons
pu retravailler la liaison au sol, car même à cheval nous pouvons
être lié au sol (Sally Swifft) et la mobilité du bassin est
revenue. Cupidon ne s'agace plus lorsqu'il trotte avec R.
Comment
s'installe la vulnérabilité
Sortir
de sa zone de confort sans préparation
S
est propriétaire de 2 chevaux qui ont vécu en pension dans un
centre équestre jusqu'à ce qu’elle parvienne à réaliser son
projet, acheter une propriété avec des prés et une petite carrière
pour avoir enfin ses chevaux à la maison. Or S a cru avoir peur de
monter ses propres chevaux (qu'elle connaissait par cœur et qu'elle
avait formé) pendant plus de 2 ans. Et s'est par conséquent
contentée de les nourrir et de les regarder brouter.
Cette
peur était en fait de la vulnérabilité.
Son
rêve s'était réalisé et elle se retrouvait perdue. Seule, sans
encadrement, sans autres cavaliers avec qui sortir en promenade ou
simplement échanger. Bref, le contraste était trop important et le
rêve qui l'avait motivée pendant des années enfin réalisé.
Il
lui fallait reconnaître sa vulnérabilité et accepter le
changement, le contraste ; et ceci ne put se faire, pour elle,
que par un travail sur soi, avec l'aide de ses chevaux.
La
vulnérabilité peut donc aussi se manifester dans des occasions très
positives, mais qui nécessitent un changement radical de nos
habitudes, de notre façon de concevoir notre propre monde.
Évidemment
les épreuves de notre vie privée (hors chevaux et équitation)
peuvent aussi nous rendre vulnérables.
Négation
de la vulnérabilité
Lorsqu'on
fréquente les chevaux, il est normal et sain de se sentir
vulnérable. Ce sont de grands animaux, lourds, forts, dotés de
réflexes rapides et qui n'appréhendent pas le monde de la même
façon que nous. Il faut apprendre à les connaître pour éviter de
se trouver dans une situation dangereuse. Et c'est la peur qui nous
dit si la situation est dangereuse ou non.
La
première fois que B, 8 ans, a vu Cupidon, elle s'est sentie
vulnérable ce qu'elle a traduit par « j'ai peur ! Il est
grand. ». Ses grands parents l'ont poussée en avant :
« Mais non, allez ! » (c'est exactement ce que font
certains cavaliers avec leur cheval) Et bien si ! Cupidon est
grand quand on a 8 ans. « Et comment puis-je être sûr qu'une
telle masse sait où je me trouve et ne m'écrabouillera pas par
inadvertance » ?
B a
compris que le cheval lui prêtait attention et tenait compte
d'elle : la confiance s'est instaurée. Au cours de la 2ème
séance, elle avait encore de l'appréhension lorsqu’elle s'est
retrouvée en selle : « C'est haut. ». Sa mère lui
répondit : « Mais non ce n'est pas haut, c'est normal. ».
Pour
la deuxième fois en 2 séances, les adultes les plus proches niaient
la vulnérabilité de l'enfant. Voilà pourquoi personne ne veut
admettre sa vulnérabilité, parce que dès l'enfance on sait qu'elle
ne sera pas reconnue, ni admise par les autres et qu'on restera seul
avec un sentiment de peur au ventre.
Or
aucun parent ne souhaite cela à son enfant, alors pourquoi cette
négation ?
Parce
que l'émotion de l'enfant se transmet aux parents, par contagion
émotionnelle. Parce que les parents, pas plus que l'enfant,
n'identifient la vulnérabilité en tant que telle mais la confondent
avec la peur. Rappelons que leurs manifestations se ressemblent.
Les
parents cherchent à se rassurer par le raisonnement (et non par
l'émotion ) : « je ne suis pas celui qui mettrait mon
enfant dans une situation dangereuse ; donc la situation n'est
pas dangereuse ».
Et
ils ont raison : la situation n'est pas dangereuse, mais elle
nous rend vulnérable, comme souvent le font les situations nouvelles
qui nécessitent un changement d'habitudes.
S'ils
arrivaient à rester dans des émotions inspirant la sécurité, par
contagion émotionnelle, leur enfant serait rassuré.
Identifier,
admettre et reconnaître les émotions de l'autre permet d'établir
le dialogue et d'instaurer la confiance, aussi ridicules que
paraissent les raisons des « peurs » (et Dieu sait si
les « peurs » de notre cheval nous paraissent ridicules)
La
peur abaisse le seuil de vulnérabilité.
M a
fait une chute de cheval en extérieur. Elle a pris peur et n'est pas
remontée depuis plusieurs années. Elle aimerait renouer avec les
chevaux et l'équitation. Elle a refait des promenades sur des
chevaux très calmes, mais cela ne l'a pas satisfaite, parce qu'elle
veut apprendre à gérer sa peur. Elle a raison, il est indispensable
de s'habituer à ce qu'un cheval réagisse en cheval.
Lors
d'une promenade en main, la tête aboyante du roquet du voisin a
soudainement émergé de la haie. Tismaëlle, surprise, a fait un
écart vers le bas coté opposé en opérant un quart de tour.
Ronflante, tête haute, elle s'est immobilisée pour évaluer la
situation, mais restait prête à bondir dans la fuite. Le roquet
disparut, le bond de Tismaëlle avait suffit à le faire fuir.
Ah oui, je ne suis qu'un herbivore?! |
M
était affolée, elle n'arrivait pas à respirer , malgré les
exercices longuement
répétés. Elle
voulait absolument faire quelque chose...Je lui ai demandé de
tapoter la jument pour la calmer.
Lorsqu'on
a peur le cerveau envoie de l'adrénaline (neurotransmetteur) pour
nous préparer à fuir ou à combattre, c'est à dire préparer le
corps à l'action : le cœur pompe intensément, la respiration
s'accélère, la tension monte, etc. Le trop plein (par rapport Ã
une situation de calme) d'adrénaline sera évacué prioritairement
par l'action, le mouvement. C'est pourquoi faire quelque chose, comme
les mouvements rapides et répétitifs de tapotement, ont permis à M
de se recentrer et de pouvoir agir sur sa respiration et donc
reprendre le contrôle d'elle même.
L'intensité
de sa peur était due à plusieurs facteurs :
elle
a été surprise par l'agressivité chien : peur du chien ;
elle été surprise par la réaction de la jument : peur de se
faire bousculer, écraser par les mouvements brusques de la jument ;
mais surtout elle a subit la peur de la jument : par effet de
contagion émotionnelle ; enfin, cette même contagion émotionnelle
lui a rappelé celle qui a précédé son accident. Car, dans les
deux situations complètement différentes, le seul point commun est
la présence d'un cheval : animal hautement émotif, émettant
de très fortes émotions car c'est son mode de communication.
L'intensité
de la peur d'une personne dépend de l'environnement, de la
situation, des faits, des personnes en présence (chevaux et humains)
et de leur qualité d’émetteurs et de récepteurs d'émotions,
mais également de ses expériences de peur passées. Plus ces
expériences ont été traumatisantes (là encore le traumatisme
n'est pas à évaluer à l'aune des faits, mais de la personne, du
sujet qui le subit) plus le seuil d'alerte au danger (c'est à dire
de peur) est bas et plus elle subira la contagion émotionnelle,
consciemment ou non. Et plus la personne est vulnérable.
Vulnérabilité
toujours !
Un
cavalier « peureux » c'est à dire plus vulnérable
(selon la définition énoncée ci-dessus), aura beau savoir que les
chevaux sont respectueux et qu'il ne court aucun risque physique dans
la situation présente, il le saura intellectuellement (néocortex)
mais subira de plein fouet la peur de son cheval par contagion
émotionnelle (cerveaux primitif et « cerveaux »
corporels). Ce cavalier devient vulnérable.
La
vulnérabilité, dans ses manifestations physiques, ressemble à la
peur. Mais le message que transmet cette émotion est différent.
La
peur nous informe d'une menace extérieure à nous-même, issue de
notre environnement.
La
vulnérabilité nous informe d'un danger intérieur. L'image de soi,
le système de croyances, les bonnes vieilles habitudes de la
personne concernée sont menacées.
« La
vulnérabilité se développe lorsqu'une vieille stratégie de
défense, un schéma de comportement ou une vision du monde sont
remis en cause » Linda Kohanov
Réactions
des chevaux aux cavaliers vulnérables
Pourtant,
il y en a bien qui l'admettent, la reconnaissent, et agissent en
fonction de notre « peur »... les chevaux, évidemment.
Pourquoi
Iezalel refusait de prendre le galop avec certaines personnes,
pourquoi Cupidon s'arrête au bout de 3 foulées de trot avec un
débutant instable, pourquoi Tismaëlle me fait la g..... lorsque je
lui demande de sauter.... (quelques exemples parmi une longue liste)
pas par fainéantise ou esprit de contradiction, mais pour la seule
et unique raison que leur cavalier du moment est vulnérable et
qu'ils le sentent bien mieux que je ne le vois.
Comme
la vulnérabilité n'est guère agréable, mes chevaux n'ont pas
envie de l'accentuer chez leur cavalier : pour éviter de la
subir eux même par contagion émotionnelle. Ils tiennent à leur
confort et ils ont bien raison. Ils
rechercheront une situation où ils pourront éviter de mettre leur
cavalier dans l'inconfort (repasser à l'allure inférieure,
ralentir, s'arrêter, ...).
Les chevaux supportent la vulnérabilité du cavalier dans une
certaine mesure. Ils peuvent faire preuve d'empathie et prendre le
cavalier
vulnérable en
charge. Mais ils lui refuseront certaines tâches.
Si
le cavalier a « peur » de galoper, son cheval se sentira
vulnérable au galop, donc il ne voudra pas galoper, ce qui est faire
preuve de bon sens.
Alors,
lorsque notre cheval refusera : de sauter un obstacle, de passer
une embûche, de prendre le galop dans tel chemin, demandons-nous ce
que nous ressentons.
Quand
la vulnérabilité du cavalier se transforme en peur du cheval
Comme dit plus haut, les manifestations physiques de la vulnérabilité et de la peur se ressemblent. Or, le cavalier qui n'aura pas identifié sa vulnérabilité en tant que telle, lorsqu'il en ressentira les symptômes, va associer ces symptômes à ce qu'il connait, ce qu'il peut nommer : la peur. Il cherchera également des raisons à cette "peur" (qui ne peut pas venir de nulle part...), un objet... ou un sujet extérieur à lui-même, responsable de son sentiment de "peur".... son/le cheval.
Avoir
peur d'un cheval est très pénible (à plus forte raison lorsqu'il
s'agit de son propre cheval), pour le cavalier comme pour le cheval.
Le
cheval a du mal à imaginer que son cavalier puisse avoir peur de lui, donc il
cherchera les raisons de la peur qu'il ressent (toujours par
contagion émotionnelle) dans son environnement. Et il les trouvera.
Ce qui ne fera que renforcer la peur du cavalier. Le cercle vicieux
est enclenché.
Un
cavalier peureux n'est pas fiable pour son cheval. Celui-ci ne se
sent pas protégé en sa compagnie. Il pourra même ressentir de la
frustration ou de la colère si son cavalier tient à l'obliger Ã
subir sa peur.
Donc,
surmonter sa peur en l'ignorant ou s'obliger soi-même et obliger son
cheval à subir cette peur n'est pas forcément la solution la plus
adaptée. Dans le meilleur des cas le cheval s'exécutera, mais de
mauvaise grâce. Il sera contracté, raide, inconfortable.
L'expérience ne sera guère agréable, ni pour lui ni pour le
cavalier.
Les
solutions
Un
environnement sécurisant
Il
est important de choisir un environnement sécurisant pour le
cavalier et non en fonction de critères objectifs extérieurs (qui
ne doivent néanmoins pas pour autant être négligés) car la
vulnérabilité est, comme toutes émotions, profondément
subjective.
La
petite A 7 ans est venue pour la première fois pendant les vacances
de Noël. Elle a sympathisé avec Cupidon. Un lien affectif s'est
noué. Cupidon s'est laissé mener par le bout du nez par la petite,
à pied, et elle s'est laissée « secouer », en selle,
par le cheval, si bien qu'elle avait compris le mécanisme du trot
enlevé au cours de cette première séance. Pendant les 3 semaines
qui ont suivi, les conditions météo horribles l'ont empêchée de
revenir. Sa tante l'a emmenée monter dans un club : manège, Ã
l'abri des intempéries et un sol adapté ; des poneys :
taille plus adaptées aux enfants que les chevaux. Une reprise de 10
poneys : il fallait marcher au pas, trotter, galoper, diriger,
arrêter.
A
s'est senti vulnérable: à cause de la difficulté de la tâche.
Elle
n'est revenue qu'en mars avec sa vulnérabilité intacte. et bien
qu'elle soit régulière (1 séance par semaine) depuis, il lui a
fallu plusieurs mois pour retrouver la confiance de sa première
séance.
Renouer
le dialogue avec son cheval et soi-même
Un
cheval comprend et accepte bien plus de choses qu'on ne veut bien
l'admettre. Alors parlez lui, dites lui vos peur et vos
appréhensions, il ne les répétera à personne et pourra même en
tenir compte. Et cela aidera à formuler, donc reconnaître et
admettre les émotions.
Quelques
piste pratiques
Il
me semble important de renouer le dialogue avec son cheval au cours
de situations rassurantes, c'est à dire totalement exemptes de peur
pour le cavalier, même si celui-ci a l'impression de régresser. Le
cavalier se trouvera dans sa zone de confort et il pourra alors,
petit à petit en repousser les limites.
L'idéal
est de recommencer par du travail à pied, en liberté et en longe,
même si la peur ne se manifeste que lors du travail monté. Ce type
de travail permet d'apprendre à « lire », « entendre »
comprendre son cheval et soi-même tout en travaillant sur sa propre
respiration. La respiration est l'élément clé.
Tu ne veux pas t'allonger sur le sofa pour tout me dire? |
Être
à l'écoute de son cheval
c'est être à l'écoute de soi-même. Les animaux et les chevaux en
particulier ressentent nos émotions avant que nous en soyons
nous-mêmes conscient. Il ne faut pas hésiter à faire des pauses :
ne plus rien demander au cheval, pour se concentrer sur soi-même :
comment je respire, qu'est ce que je ressens, où se situent mes
propres tensions corporelles, et respirer avec ces tensions pour
entendre ce que notre corps a à nous à dire par des images, des idées,
spontanées qui parfois paraissent sans liens apparents avec la
situations vécue.
L'intérêt
du travail à pied
Le
travail à pied est également un bon moyen pour apprendre au
cavalier à prendre connaissance de la contagion émotionnelle :
ce que je ressens, est-ce mon émotion ou celle que me transmet mon
cheval ? Ceci permet de développer l'empathie :
reconnaître l'émotion de l'autre comme étant celle de l'autre et y
adapter mon comportement.
Le
cavalier doit garder à l'esprit que le travail à pied à pour but
de préparer et de perfectionner le travail monté en améliorant la
locomotion du cheval et sa légèreté aux aides. Il mettra l'accent
sur les points les plus importants : la respiration, le rythme
et la posture. Ces trois éléments là me paraissent primordiaux
parce qu'ils sont directement transposables en selle et constituent
des aides très importantes que le cheval apprend à respecter dans
le travail à pied.
Ce
travail se poursuit aux longues rênes puis à l'épaule, donc en se
rapprochant de plus en plus du cheval, et enfin en selle.
Désensibilisation
Les
exercices de désensibilisation permettent également au cavalier et
au cheval de gérer leurs émotions en situation de stress progressif
et contrôlé dans un environnement sécurisant. Là encore la
respiration, la posture et le rythme, permettent les progrès les
plus rapides. Le cavalier et le cheval apprennent à sortir très
progressivement de leur zone de confort.
Sortir
de la zone de confort
Ils
seront également amenés à sortir de leur zone de confort, au sens
propre, et à tester leur respect et confiance mutuels en variant les
lieux de travail. Si le terrain s'y prête on peut travailler dans un
chemin ou un pré.
Le
taping
Le
taping est un complément très efficace pour enseigner au cheval et
au cavalier à retrouver leur calme si une situation devait s'avérer
stressante. Il consiste à tapoter un cheval avec une balle en mousse
fixée à l'extrémité d'un stick. Le cheval apprend à se détendre
en étant tapoté avec un rythme rapide. Il apprend à améliorer sa
locomotion en étant tapoté sur un rythme lent en accord avec les
lever ou poser du membre concernés. En se concentrant sur le
tapotement, le cavalier agit. Ceci s'avère utile en cas d'émotions
fortes pour un retour au calme plus rapide. LÃ encore la
respiration, la posture et le rythme sont essentiels. Le taping est
également transposable en selle.
Progressivité
S'il
est important de se fixer un but, il est vital d'en identifier les
différentes étapes qui vont permettre d'accéder à ce but et la
progression à suivre pour chacune de ces étapes. N avait peur de
monter son cheval hors du manège. Elle rêvait de galoper sur la
piste de galop avec son jeune pur sang arabe. Il est évident qu'elle
n'allait pas, du jour au lendemain, se lancer au grand galop en
espérant que sa vulnérabilité disparaîtrait par habituation. Pour
le cavalier comme pour le cheval la désensibilisation progressive
est utile voire indispensable.
Tout
cavalier a connu , connaît, ou connaîtra la peur. La peur est une
émotion qui informe d'un potentiel danger. Vouloir l'ignorer ou s'en
débarrasser définitivement est illusoire. Elle est utile.
Mais
elle ne doit pas devenir handicapante. Lorsqu'elle le devient, il ne
faut pas hésiter à se faire aider.
Peur
ou vulnérabilité.
Il
nous est important de mettre les mots justes sur ce que nous
ressentons, parce que la compréhension nous permet de mieux gérer
nos émotions. Comme les manifestations physiques de ces émotions se
ressemblent, il est important d'identifier leur causes pour pouvoir
les gérer.
Personne
ne devrait nier une émotion, ni la sienne, ni celle de l'autre, et
surtout pas celle de son cheval.
Lorsque
le cheval a peur
Lorsqu'un
cheval a peur, il a besoin d'un cavalier qui puisse
le rassurer rapidement.
Les
chevaux changent facilement d'émotion contrairement aux humains.
C'est pour cela que certaines personnes sont plus à l'aise avec ces
animaux qu'avec leur propres congénères.
Les chevaux savent tirer des informations des émotions, ajustent leur comportement à ces informations, puis retournent brouter. Ils savent lâcher prise.
Les chevaux savent tirer des informations des émotions, ajustent leur comportement à ces informations, puis retournent brouter. Ils savent lâcher prise.
Pour
calmer un cheval qui a peur, il faut pouvoir prendre conscience que
la peur que nous ressentons est celle que le cheval nous transmet par
contagion émotionnelle. Puis, en adoptant des émotions sincères
(et non pas en masquant la peur sous la jovialité) aptes Ã
contrecarrer la peur, comme la sérénité, le calme, l'allégresse,
l'amusement, nous pouvons influencer le cheval toujours par contagion
émotionnelle et dédramatiser la situation. Dans la pratique,
passée la décharge de peur envoyée par le cheval, il s'agit de
respirer profondément pour faire baisser sa propre tension et calmer
son cœur ; détendre ses muscles, dos, mâchoires etc .
relâcher les rênes et sourire de la peur que nous avons eu tout les
deux.
C'est
vrai, c'est plus facile à écrire qu'à faire.
Certains
chevaux nous révèlent nos propres manques : de connaissance du
cheval, de compétences, de formation équestre, de communication
avec le cheval, de rigueur dans le travail, de contrôle d'une
situation donnée ; mais aussi nos erreurs sincères, notre
grande sensibilité ou timidité...notre ignorance.
Alors
considérons simplement les chevaux comme nos maîtres en
développement de notre intelligence émotionnelle.
There's no place I can be since I found Serenity |
Pour aller plus loin:
Le cavalier idéal bien dans son corps bien dans sa tête
Véronique Bartin / Jean Pierre Tiffon
Belin
Comme les chevaux ensemble et puissants
Linda Kohanov
Le courrier du livre
L'endotapping développé par Jean Philippe Giacomini
http://endotapping.free.fr/presentation_jp/presentation_jp.htm
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