lundi 9 novembre 2015

Lorsque le cavalier a peur....





Voilà une émotion commune au cheval et au cavalier que personne ne peut nier.
Pour le cavalier, la peur est handicapante. Mais elle reste difficile à admettre sans passer pour un couard. Alors elle est cachée, tant bien que mal ; ou niée, si bien que l'on ne la ressent plus. Ce manque de congruence empoisonne la relation avec le cheval et n'aboutit qu'à renforcer la peur.
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Pourquoi t'as peur ?
Elle devient alors LA raison (plus ou moins consciente) de l'abandon de l'équitation ou de la vente du cheval.
Mais il existe une autre émotion qui ressemble de manière superficielle à la peur et dont les cavaliers n'ont pas toujours conscience, il s'agit de la vulnérabilité.
Elle n'est pas à négliger, car bien souvent elle se transforme en peur ou prend le relais de la peur lorsque la situation varie comme dans le cas d'un changement de cheval.

Quelques situations pratiques permettront de définir ces deux émotions et de comprendre leurs intrications. Ramener ces deux émotions à leur niveau de base est possible. Des solutions sont à tester avant de renoncer définitivement à monter à cheval.




Peur ou vulnérabilité : pourquoi et comment faire la différence

Comme toutes les émotions, la peur et la vulnérabilité donnent des informations : l'intégrité physique ou psychique de la personne est menacée. 
 

La peur renseigne : l'environnement, la situation extérieure est dangereuse, il va falloir agir et vite ». La peur prévient d'un danger extérieur à la personne. C'est une alarme proportionnelle au danger encouru et à la sensibilité de chacun. Le cerveau primitif décide de l'importance et de l'imminence du danger, suite aux expériences passées.

Chanel et le tracteur : Chanel, pouliche de trait de 3ans, n'est pas encore montée mais suffisamment éduquée pour sortir en promenade en main. Sur les chemins sinueux de campagne, il peut nous arriver de nous retrouver face à un tracteur. L'engin prend toute la largeur du chemin et roule à son rythme qui paraît toujours trop rapide au piéton. La situation est dangereuse, car pas de possibilité de se garer. On ne peut pas ne rien faire et nier le danger. Il est nécessaire et impératif d'agir sur « l'environnement » : s'assurer d'être bien visible, faire face, demander par signes au conducteur de ralentir ou s'arrêter en se plaquant contre la haie, pour que la jument puisse le croiser (ceci ayant nécessité une éducation de la jument au préalable ). Il peut arriver, quand le chemin est trop étroit de demander au tracteur de suivre la jument à son rythme à elle jusqu'à atteindre une entrée de pré ou de champ où elle pourra se garer et le tracteur la doubler.
C'est une situation dans laquelle la peur est utile, car elle permet de réagir rapidement et avec à propos, à condition que l'émotion reste à son niveau d'information et ne se transforme pas en vulnérabilité.

La vulnérabilité informe de l'état intérieur de la personne. Elle n'est pas en mesure d'affronter une situation par manque de confiance en soi, en ses propre capacités. Elle nécessite souvent de changer sa propre vison du monde.
Dans notre exemple précédent, se sentir vulnérable correspond à ne pas faire confiance au conducteur de l'engin, à la jument qui connaît les tracteurs, à mes propres capacités à envisager la meilleure solution : croiser le tracteur ou trouver un endroit plus propice pour garer la jument, et à me faire comprendre du conducteur de l'engin et du cheval.

J'espère que cet exemple illustre également l'intrication étroite entre la vulnérabilité et la peur. Si on se sent vulnérable, la peur risque de prendre le dessus et de dériver en panique, paralysie ou actions inconsidérées et inappropriées. Si on ne tient pas compte de la vulnérabilité ressentie, la peur ne fera que croître, se transformera en inquiétude, en anxiété, en confusion, et le fait de croiser un tracteur finira par devenir impossible, puis le fait de sortir la jument en promenade deviendra impossible de peur de rencontrer un tracteur.
Par contre, les situations de peur correctement gérées permettent de prendre confiance en soi et de d'augmenter le seuil de vulnérabilité (de se sentir de moins en moins vulnérable).


Obstacle
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C'est pas haut? Ben vas-y toi d'abord!
Certains cavaliers avouent parfois leur peur de sauter ou de galoper. Là encore il s'agit de vulnérabilité. Le déclencheur est variable. Le cavalier est tombé à l'obstacle ou au galop. Mais aussi il se peut qu'il ait simplement été le témoin de la chute d'un autre cavalier qui lui est proche ou d'un accident avec un cheval qu'il lui arrivait de monter.
Dans tous ces cas, le cavalier qui a peur a pris conscience de sa propre vulnérabilité. Il n'est pas prêt à galoper ou sauter et ne l'était certainement pas avant d'avoir pris peur.
Lorsque l'apprentissage du cavalier se passe bien, celui-ci a tendance à brûler les étapes, à vouloir hâter sa progression. « Qui veut aller loin ménage sa monture » c'est bien vrai ! Mais pour le cavalier, sa monture c'est non seulement son cheval mais lui-même. Rester à l'écoute de soi-même c'est rester à l'écoute de ses appréhensions et intuitions, de ses sensations. Prendre conscience de soi est une étape indispensable.

"Sans les pieds" : Au bout de 5 séances R n'arrive pas rester au dessus de ses pieds au trot enlevé. Ses jambes se « promènent » tellement que Cupidon s'en agace. Or Cupidon, en général, s'agace surtout de l'incohérence émotionnelle des ses cavaliers, pas de leur tenue en selle. Il donc temps de discuter sérieusement. R m'avait déjà dit qu'elle n'avait absolument pas peur parce qu'elle faisait confiance au cheval. Mais elle n'a jamais parlé d'elle même ni de son parcours équestre antérieur. Après questionnement il s'est avéré que R ne sent pas que ses jambes se « promènent », qu'elle ne sent pas ses jambes au pas, ni ses genoux, ni ses chevilles, ni ses pieds. Nous travaillons les sensations à pied qui reviennent, puis à cheval, à l'arrêt et au pas. Après lui avoir tapoté les pieds, elle me dit sentir une tension dans ses chevilles. Je lui demande de respirer avec cette tension et de me dire ce qui lui vient à l'esprit. Elle ne « voit » qu'une seule chose : elle n'a pas de pied. Elle ne peut pas tenir debout parce qu'elle n'a pas de pied. Et là, elle m'explique qu'elle a fait non pas 1 chute, mais 7 chutes d'affilée à l'obstacle en reprise galop 2 parce qu'il fallait qu'elle remonte pour ne pas rester sur une chute. Or sa première chute l'avait « amputée de ses pieds » (elle ne sentait pas ses pieds depuis cette première chute). Comment ne pas être vulnérable sans pieds ? Ou plutôt avec 2 choses inertes à la place des pieds ? Après cette prise de conscience, nous avons pu retravailler la liaison au sol, car même à cheval nous pouvons être lié au sol (Sally Swifft) et la mobilité du bassin est revenue. Cupidon ne s'agace plus lorsqu'il trotte avec R.




Comment s'installe la vulnérabilité

Sortir de sa zone de confort sans préparation
S est propriétaire de 2 chevaux qui ont vécu en pension dans un centre équestre jusqu'à ce qu’elle parvienne à réaliser son projet, acheter une propriété avec des prés et une petite carrière pour avoir enfin ses chevaux à la maison. Or S a cru avoir peur de monter ses propres chevaux (qu'elle connaissait par cœur et qu'elle avait formé) pendant plus de 2 ans. Et s'est par conséquent contentée de les nourrir et de les regarder brouter.
Cette peur était en fait de la vulnérabilité.
Son rêve s'était réalisé et elle se retrouvait perdue. Seule, sans encadrement, sans autres cavaliers avec qui sortir en promenade ou simplement échanger. Bref, le contraste était trop important et le rêve qui l'avait motivée pendant des années enfin réalisé.
Il lui fallait reconnaître sa vulnérabilité et accepter le changement, le contraste ; et ceci ne put se faire, pour elle, que par un travail sur soi, avec l'aide de ses chevaux.
La vulnérabilité peut donc aussi se manifester dans des occasions très positives, mais qui nécessitent un changement radical de nos habitudes, de notre façon de concevoir notre propre monde.
Évidemment les épreuves de notre vie privée (hors chevaux et équitation) peuvent aussi nous rendre vulnérables.


Négation de la vulnérabilité

Lorsqu'on fréquente les chevaux, il est normal et sain de se sentir vulnérable. Ce sont de grands animaux, lourds, forts, dotés de réflexes rapides et qui n'appréhendent pas le monde de la même façon que nous. Il faut apprendre à les connaître pour éviter de se trouver dans une situation dangereuse. Et c'est la peur qui nous dit si la situation est dangereuse ou non.


La première fois que B, 8 ans, a vu Cupidon, elle s'est sentie vulnérable ce qu'elle a traduit par « j'ai peur ! Il est grand. ». Ses grands parents l'ont poussée en avant : « Mais non, allez ! » (c'est exactement ce que font certains cavaliers avec leur cheval) Et bien si ! Cupidon est grand quand on a 8 ans. « Et comment puis-je être sûr qu'une telle masse sait où je me trouve et ne m'écrabouillera pas par inadvertance » ?
B a compris que le cheval lui prêtait attention et tenait compte d'elle : la confiance s'est instaurée. Au cours de la 2ème séance, elle avait encore de l'appréhension lorsqu’elle s'est retrouvée en selle : « C'est haut. ». Sa mère lui répondit : « Mais non ce n'est pas haut, c'est normal. ».
Pour la deuxième fois en 2 séances, les adultes les plus proches niaient la vulnérabilité de l'enfant. Voilà pourquoi personne ne veut admettre sa vulnérabilité, parce que dès l'enfance on sait qu'elle ne sera pas reconnue, ni admise par les autres et qu'on restera seul avec un sentiment de peur au ventre.
Or aucun parent ne souhaite cela à son enfant, alors pourquoi cette négation ?
Parce que l'émotion de l'enfant se transmet aux parents, par contagion émotionnelle. Parce que les parents, pas plus que l'enfant, n'identifient la vulnérabilité en tant que telle mais la confondent avec la peur. Rappelons que leurs manifestations se ressemblent.
Les parents cherchent à se rassurer par le raisonnement (et non par l'émotion ) : « je ne suis pas celui qui mettrait mon enfant dans une situation dangereuse ; donc la situation n'est pas dangereuse ».
Et ils ont raison : la situation n'est pas dangereuse, mais elle nous rend vulnérable, comme souvent le font les situations nouvelles qui nécessitent un changement d'habitudes.
S'ils arrivaient à rester dans des émotions inspirant la sécurité, par contagion émotionnelle, leur enfant serait rassuré.
Identifier, admettre et reconnaître les émotions de l'autre permet d'établir le dialogue et d'instaurer la confiance, aussi ridicules que paraissent les raisons des « peurs » (et Dieu sait si les « peurs » de notre cheval nous paraissent ridicules)


La peur abaisse le seuil de vulnérabilité.

M a fait une chute de cheval en extérieur. Elle a pris peur et n'est pas remontée depuis plusieurs années. Elle aimerait renouer avec les chevaux et l'équitation. Elle a refait des promenades sur des chevaux très calmes, mais cela ne l'a pas satisfaite, parce qu'elle veut apprendre à gérer sa peur. Elle a raison, il est indispensable de s'habituer à ce qu'un cheval réagisse en cheval.
Lors d'une promenade en main, la tête aboyante du roquet du voisin a soudainement émergé de la haie. Tismaëlle, surprise, a fait un écart vers le bas coté opposé en opérant un quart de tour. Ronflante, tête haute, elle s'est immobilisée pour évaluer la situation, mais restait prête à bondir dans la fuite. Le roquet disparut, le bond de Tismaëlle avait suffit à le faire fuir.
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Ah oui, je ne suis qu'un herbivore?!
M était affolée, elle n'arrivait pas à respirer , malgré les exercices longuement répétés. Elle voulait absolument faire quelque chose...Je lui ai demandé de tapoter la jument pour la calmer.
Lorsqu'on a peur le cerveau envoie de l'adrénaline (neurotransmetteur) pour nous préparer à fuir ou à combattre, c'est à dire préparer le corps à l'action : le cœur pompe intensément, la respiration s'accélère, la tension monte, etc. Le trop plein (par rapport à une situation de calme) d'adrénaline sera évacué prioritairement par l'action, le mouvement. C'est pourquoi faire quelque chose, comme les mouvements rapides et répétitifs de tapotement, ont permis à M de se recentrer et de pouvoir agir sur sa respiration et donc reprendre le contrôle d'elle même.
L'intensité de sa peur était due à plusieurs facteurs :
elle a été surprise par l'agressivité chien : peur du chien ; elle été surprise par la réaction de la jument : peur de se faire bousculer, écraser par les mouvements brusques de la jument ; mais surtout elle a subit la peur de la jument : par effet de contagion émotionnelle ; enfin, cette même contagion émotionnelle lui a rappelé celle qui a précédé son accident. Car, dans les deux situations complètement différentes, le seul point commun est la présence d'un cheval : animal hautement émotif, émettant de très fortes émotions car c'est son mode de communication.

L'intensité de la peur d'une personne dépend de l'environnement, de la situation, des faits, des personnes en présence (chevaux et humains) et de leur qualité d’émetteurs et de récepteurs d'émotions, mais également de ses expériences de peur passées. Plus ces expériences ont été traumatisantes (là encore le traumatisme n'est pas à évaluer à l'aune des faits, mais de la personne, du sujet qui le subit) plus le seuil d'alerte au danger (c'est à dire de peur) est bas et plus elle subira la contagion émotionnelle, consciemment ou non. Et plus la personne est vulnérable.

Vulnérabilité toujours !
Un cavalier « peureux » c'est à dire plus vulnérable (selon la définition énoncée ci-dessus), aura beau savoir que les chevaux sont respectueux et qu'il ne court aucun risque physique dans la situation présente, il le saura intellectuellement (néocortex) mais subira de plein fouet la peur de son cheval par contagion émotionnelle (cerveaux primitif et « cerveaux » corporels). Ce cavalier devient vulnérable.
La vulnérabilité, dans ses manifestations physiques, ressemble à la peur. Mais le message que transmet cette émotion est différent.
La peur nous informe d'une menace extérieure à nous-même, issue de notre environnement.
La vulnérabilité nous informe d'un danger intérieur. L'image de soi, le système de croyances, les bonnes vieilles habitudes de la personne concernée sont menacées.
« La vulnérabilité se développe lorsqu'une vieille stratégie de défense, un schéma de comportement ou une vision du monde sont remis en cause » Linda Kohanov



Réactions des chevaux aux cavaliers vulnérables

Pourtant, il y en a bien qui l'admettent, la reconnaissent, et agissent en fonction de notre « peur »... les chevaux, évidemment.


Pourquoi Iezalel refusait de prendre le galop avec certaines personnes, pourquoi Cupidon s'arrête au bout de 3 foulées de trot avec un débutant instable, pourquoi Tismaëlle me fait la g..... lorsque je lui demande de sauter.... (quelques exemples parmi une longue liste) pas par fainéantise ou esprit de contradiction, mais pour la seule et unique raison que leur cavalier du moment est vulnérable et qu'ils le sentent bien mieux que je ne le vois.

Comme la vulnérabilité n'est guère agréable, mes chevaux n'ont pas envie de l'accentuer chez leur cavalier : pour éviter de la subir eux même par contagion émotionnelle. Ils tiennent à leur confort et ils ont bien raison. Ils rechercheront une situation où ils pourront éviter de mettre leur cavalier dans l'inconfort (repasser à l'allure inférieure, ralentir, s'arrêter, ...). Les chevaux supportent la vulnérabilité du cavalier dans une certaine mesure. Ils peuvent faire preuve d'empathie et prendre le cavalier vulnérable en charge. Mais ils lui refuseront certaines tâches.

Si le cavalier a « peur » de galoper, son cheval se sentira vulnérable au galop, donc il ne voudra pas galoper, ce qui est faire preuve de bon sens.
Alors, lorsque notre cheval refusera : de sauter un obstacle, de passer une embûche, de prendre le galop dans tel chemin, demandons-nous ce que nous ressentons.



Quand la vulnérabilité du cavalier se transforme en peur du cheval



Comme dit plus haut, les manifestations physiques de la vulnérabilité et de la peur se ressemblent. Or, le cavalier qui n'aura pas identifié sa vulnérabilité en tant que telle, lorsqu'il en ressentira les symptômes, va associer ces symptômes à ce qu'il connait, ce qu'il peut nommer : la peur. Il cherchera également des raisons à cette "peur" (qui ne peut pas venir de nulle part...), un objet... ou un sujet extérieur à lui-même, responsable de son sentiment de "peur".... son/le cheval.

Avoir peur d'un cheval est très pénible (à plus forte raison lorsqu'il s'agit de son propre cheval), pour le cavalier comme pour le cheval.
Le cheval a du mal à imaginer que son cavalier puisse avoir peur de lui, donc il cherchera les raisons de la peur qu'il ressent (toujours par contagion émotionnelle) dans son environnement. Et il les trouvera. Ce qui ne fera que renforcer la peur du cavalier. Le cercle vicieux est enclenché.
Un cavalier peureux n'est pas fiable pour son cheval. Celui-ci ne se sent pas protégé en sa compagnie. Il pourra même ressentir de la frustration ou de la colère si son cavalier tient à l'obliger à subir sa peur.
Donc, surmonter sa peur en l'ignorant ou s'obliger soi-même et obliger son cheval à subir cette peur n'est pas forcément la solution la plus adaptée. Dans le meilleur des cas le cheval s'exécutera, mais de mauvaise grâce. Il sera contracté, raide, inconfortable. L'expérience ne sera guère agréable, ni pour lui ni pour le cavalier.


Les solutions


Un environnement sécurisant
Il est important de choisir un environnement sécurisant pour le cavalier et non en fonction de critères objectifs extérieurs (qui ne doivent néanmoins pas pour autant être négligés) car la vulnérabilité est, comme toutes émotions, profondément subjective.

La petite A 7 ans est venue pour la première fois pendant les vacances de Noël. Elle a sympathisé avec Cupidon. Un lien affectif s'est noué. Cupidon s'est laissé mener par le bout du nez par la petite, à pied, et elle s'est laissée « secouer », en selle, par le cheval, si bien qu'elle avait compris le mécanisme du trot enlevé au cours de cette première séance. Pendant les 3 semaines qui ont suivi, les conditions météo horribles l'ont empêchée de revenir. Sa tante l'a emmenée monter dans un club : manège, à l'abri des intempéries et un sol adapté ; des poneys : taille plus adaptées aux enfants que les chevaux. Une reprise de 10 poneys : il fallait marcher au pas, trotter, galoper, diriger, arrêter.
A s'est senti vulnérable: à cause de la difficulté de la tâche.
Elle n'est revenue qu'en mars avec sa vulnérabilité intacte. et bien qu'elle soit régulière (1 séance par semaine) depuis, il lui a fallu plusieurs mois pour retrouver la confiance de sa première séance.

Renouer le dialogue avec son cheval et soi-même
Un cheval comprend et accepte bien plus de choses qu'on ne veut bien l'admettre. Alors parlez lui, dites lui vos peur et vos appréhensions, il ne les répétera à personne et pourra même en tenir compte. Et cela aidera à formuler, donc reconnaître et admettre les émotions.

Quelques piste pratiques

Il me semble important de renouer le dialogue avec son cheval au cours de situations rassurantes, c'est à dire totalement exemptes de peur pour le cavalier, même si celui-ci a l'impression de régresser. Le cavalier se trouvera dans sa zone de confort et il pourra alors, petit à petit en repousser les limites.

L'idéal est de recommencer par du travail à pied, en liberté et en longe, même si la peur ne se manifeste que lors du travail monté. Ce type de travail permet d'apprendre à « lire », « entendre » comprendre son cheval et soi-même tout en travaillant sur sa propre respiration. La respiration est l'élément clé.  

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Tu ne veux pas t'allonger sur le sofa pour tout me dire?
Être à l'écoute de son cheval c'est être à l'écoute de soi-même. Les animaux et les chevaux en particulier ressentent nos émotions avant que nous en soyons nous-mêmes conscient. Il ne faut pas hésiter à faire des pauses : ne plus rien demander au cheval, pour se concentrer sur soi-même : comment je respire, qu'est ce que je ressens, où se situent mes propres tensions corporelles, et respirer avec ces tensions pour entendre ce que notre corps a à nous à dire par des images, des idées, spontanées qui parfois paraissent sans liens apparents avec la situations vécue.

L'intérêt du travail à pied
Le travail à pied est également un bon moyen pour apprendre au cavalier à prendre connaissance de la contagion émotionnelle : ce que je ressens, est-ce mon émotion ou celle que me transmet mon cheval ? Ceci permet de développer l'empathie : reconnaître l'émotion de l'autre comme étant celle de l'autre et y adapter mon comportement.
Le cavalier doit garder à l'esprit que le travail à pied à pour but de préparer et de perfectionner le travail monté en améliorant la locomotion du cheval et sa légèreté aux aides. Il mettra l'accent sur les points les plus importants : la respiration, le rythme et la posture. Ces trois éléments là me paraissent primordiaux parce qu'ils sont directement transposables en selle et constituent des aides très importantes que le cheval apprend à respecter dans le travail à pied.
Ce travail se poursuit aux longues rênes puis à l'épaule, donc en se rapprochant de plus en plus du cheval, et enfin en selle. 
 
Désensibilisation
Les exercices de désensibilisation permettent également au cavalier et au cheval de gérer leurs émotions en situation de stress progressif et contrôlé dans un environnement sécurisant. Là encore la respiration, la posture et le rythme, permettent les progrès les plus rapides. Le cavalier et le cheval apprennent à sortir très progressivement de leur zone de confort. 
 
Sortir de la zone de confort
Ils seront également amenés à sortir de leur zone de confort, au sens propre, et à tester leur respect et confiance mutuels en variant les lieux de travail. Si le terrain s'y prête on peut travailler dans un chemin ou un pré.

Le taping
Le taping est un complément très efficace pour enseigner au cheval et au cavalier à retrouver leur calme si une situation devait s'avérer stressante. Il consiste à tapoter un cheval avec une balle en mousse fixée à l'extrémité d'un stick. Le cheval apprend à se détendre en étant tapoté avec un rythme rapide. Il apprend à améliorer sa locomotion en étant tapoté sur un rythme lent en accord avec les lever ou poser du membre concernés. En se concentrant sur le tapotement, le cavalier agit. Ceci s'avère utile en cas d'émotions fortes pour un retour au calme plus rapide. Là encore la respiration, la posture et le rythme sont essentiels. Le taping est également transposable en selle.

Progressivité
S'il est important de se fixer un but, il est vital d'en identifier les différentes étapes qui vont permettre d'accéder à ce but et la progression à suivre pour chacune de ces étapes. N avait peur de monter son cheval hors du manège. Elle rêvait de galoper sur la piste de galop avec son jeune pur sang arabe. Il est évident qu'elle n'allait pas, du jour au lendemain, se lancer au grand galop en espérant que sa vulnérabilité disparaîtrait par habituation. Pour le cavalier comme pour le cheval la désensibilisation progressive est utile voire indispensable.





Tout cavalier a connu , connaît, ou connaîtra la peur. La peur est une émotion qui informe d'un potentiel danger. Vouloir l'ignorer ou s'en débarrasser définitivement est illusoire. Elle est utile.
Mais elle ne doit pas devenir handicapante. Lorsqu'elle le devient, il ne faut pas hésiter à se faire aider.


Peur ou vulnérabilité.
Il nous est important de mettre les mots justes sur ce que nous ressentons, parce que la compréhension nous permet de mieux gérer nos émotions. Comme les manifestations physiques de ces émotions se ressemblent, il est important d'identifier leur causes pour pouvoir les gérer.
Personne ne devrait nier une émotion, ni la sienne, ni celle de l'autre, et surtout pas celle de son cheval.


Lorsque le cheval a peur
Lorsqu'un cheval a peur, il a besoin d'un cavalier qui puisse le rassurer rapidement.
Les chevaux changent facilement d'émotion contrairement aux humains. C'est pour cela que certaines personnes sont plus à l'aise avec ces animaux qu'avec leur propres congénères.
Les chevaux savent tirer des informations des émotions, ajustent leur comportement à ces informations, puis retournent brouter. Ils savent lâcher prise.
Pour calmer un cheval qui a peur, il faut pouvoir prendre conscience que la peur que nous ressentons est celle que le cheval nous transmet par contagion émotionnelle. Puis, en adoptant des émotions sincères (et non pas en masquant la peur sous la jovialité) aptes à contrecarrer la peur, comme la sérénité, le calme, l'allégresse, l'amusement, nous pouvons influencer le cheval toujours par contagion émotionnelle et dédramatiser la situation. Dans la pratique, passée la décharge de peur envoyée par le cheval, il s'agit de respirer profondément pour faire baisser sa propre tension et calmer son cœur ; détendre ses muscles, dos, mâchoires etc . relâcher les rênes et sourire de la peur que nous avons eu tout les deux.
C'est vrai, c'est plus facile à écrire qu'à faire.

Certains chevaux nous révèlent nos propres manques : de connaissance du cheval, de compétences, de formation équestre, de communication avec le cheval, de rigueur dans le travail, de contrôle d'une situation donnée ; mais aussi nos erreurs sincères, notre grande sensibilité ou timidité...notre ignorance.

Alors considérons simplement les chevaux comme nos maîtres en développement de notre intelligence émotionnelle.



There's no place I can be since I found Serenity


Pour aller plus loin:
Le cavalier idéal bien dans son corps bien dans sa tête
Véronique Bartin / Jean Pierre Tiffon
Belin

Comme les chevaux ensemble et puissants
Linda Kohanov
Le courrier du livre

L'endotapping développé par Jean Philippe Giacomini
http://endotapping.free.fr/presentation_jp/presentation_jp.htm