Les chevaux sont des animaux sociaux
qui vivent en petites familles regroupées en troupeau.
Le poulain de l'année est élevé par
sa mère, exclusivement, pendant les premières semaines. Il est très
tôt confronté à l'autorité du père, dont le rôle est de
préserver la cohésion de la cellule familiale, et qui le ramène,
immanquablement, vers le groupe dès qu'il s'éloigne. Il apprend,
donc très tôt, à se plier aux règles. Il joue avec les poulains
de son âge et les autres dont ses frères et sœurs aînés âgés
d'un an de deux ans et de 3 ans si c'est une femelle, (les mâles
quittent la cellule familiale vers 3 ans) et teste, au cours de ces
jeux, toutes les situations sociales auxquelles il sera confronté en
tant qu'adulte. Les autres adultes de la famille, juments suitées
dans le cas d'un harem à plusieurs juments et les adultes du
troupeau contribuent tous à lui apprendre les règles du savoir
vivre équin. La cohésion du groupe, la bonne entente de ses
membres est vitale, la survie de chacun en dépend tant pour l'accès
à la nourriture et l'eau que face aux danger de la prédation. Le
poulain apprend les règles de la hiérarchie, fluctuantes selon les
situations, et s'y soumet. Il tissera des liens d'amitié avec
certains membres, liens très utiles pour le grooming réciproque qui
est avant tout un mode de soin. Il apprendra également avec ses
aînés à se soigner par les plantes. C'est grâce à cet
apprentissage des règles et du respect de la hiérarchie que le
cheval est apte à devenir une monture et se soumet de bonne grâce à
la volonté de l'homme.
Un poulain élevé seul et surtout sans
la présence d'un aîné n'aura pas un développement social
cohérent. Il ne saura pas comment se comporter avec d'autres
chevaux, n'apprendra pas le langage cheval, n'aura aucune notion de
hiérarchie. Il aura de fortes chances de développer des troubles du
contact, troubles psychiques: timidité extrême, anxiété,
somatisation, agressivité, dépression. Il présentera un déficit
d'intelligence émotionnelle et donc d'empathie.
Les poulains sevrés tôt puis placés
en groupe d'âge et de sexes, sans adultes, manqueront des repères
indispensables que seuls les adultes peuvent leur apporter.
Un poulain, n'est pas comparable à un
animal de compagnie, comme un chien ou un chat. Il ne peut vivre à
notre contact 24h sur 24. Le cheval ayant été domestiqué
tardivement, il est bien plus proche de sa nature sauvage que le
chien. Sans compagnie au pré, il aura tendance à considéré
l'humain comme un congénère et à le traiter comme tel avec les
risques que sa taille et son poids induisent. Le manque de repère
social rendent son éducation bien plus difficile. Un cheval adulte a
la taille et la force nécessaires pour imposer les règles en
douceur.
Au moment de la distribution du foin
dans l'écurie en hiver, une pouliche de 10 mois voulait se
précipiter la première dans la stabulation. Le cheval adulte
dominant, est passé devant elle, a levé son postérieur très
calmement, pour le poser en douceur contre son poitrail et l'a
poussée en arrière, jusqu'à ce qu'elle se retrouve derrière lui.
Il a reposé son postérieur et attendu qu'elle baisse l'encolure,
qu'elle se calme et refrène son envie pressante d'entrer, avant
d'entrer lui même, en premier, au pas, dans l'écurie. Il lui a
appris à céder à la pression au sens équestre du terme.
Donner un compagnon, mouton , chèvre,
vache, à un poulain seul, ne comblera qu'en partie sa solitude, mais
ne contribuera pas à son éducation, ni à son besoin de contact. Le
toilettage réciproque est très important. En plus d'être un
comportement social d'amitié, il permet le massage de points
d’acupunctures qui soulage les petits maux quotidiens. La
frustration de toilettage peut conduire le poulain à devenir
agressif envers son compagnon et à le mordre, en dernière
extrémité.
La solitude n'est jamais appréciée
quelque soit l'âge du cheval. Or dans de nombreuses écuries, les
chevaux sont privés de contact entre eux: barreaux ou parois pleines
les séparent les uns des autres et ils ont souvent lâché seuls
dans un paddock de peur qu'ils ne se blessent s'ils sont plusieurs.
Si les propriétaires prennent en compte l'aspect physique de leur
cheval ils en oublient souvent l'aspect psychique et transforme le
quotidien de leur cheval en un univers carcéral.
En milieu rural, le rêve d'avoir un
cheval à la maison, confine celui-ci dans un grand pré mais dans un
désert social.
Dans les deux cas ces chevaux peuvent
développer des problèmes comportementaux et de santé.
Les chevaux ont besoin d'appartenir à
un groupe peu nombreux et stable dans un espace suffisamment grand.
Mais lorsqu'ils vivent dans ces bonnes conditions, à plusieurs, au
pré, il est parfois plus difficiles de les convaincre de vouloir
travailler avec nous.
Mais il est généralement admis que l'humain
est plus intelligent et donc supérieur à l'animal, les convaincre
ne devrait donc pas nous poser trop de problèmes.
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