vendredi 26 juin 2015

Solitude



Les chevaux sont des animaux sociaux qui vivent en petites familles regroupées en troupeau.
Le poulain de l'année est élevé par sa mère, exclusivement, pendant les premières semaines. Il est très tôt confronté à l'autorité du père, dont le rôle est de préserver la cohésion de la cellule familiale, et qui le ramène, immanquablement, vers le groupe dès qu'il s'éloigne. Il apprend, donc très tôt, à se plier aux règles. Il joue avec les poulains de son âge et les autres dont ses frères et sœurs aînés âgés d'un an de deux ans et de 3 ans si c'est une femelle, (les mâles quittent la cellule familiale vers 3 ans) et teste, au cours de ces jeux, toutes les situations sociales auxquelles il sera confronté en tant qu'adulte. Les autres adultes de la famille, juments suitées dans le cas d'un harem à plusieurs juments et les adultes du troupeau contribuent tous à lui apprendre les règles du savoir vivre équin. La cohésion du groupe, la bonne entente de ses membres est vitale, la survie de chacun en dépend tant pour l'accès à la nourriture et l'eau que face aux danger de la prédation. Le poulain apprend les règles de la hiérarchie, fluctuantes selon les situations, et s'y soumet. Il tissera des liens d'amitié avec certains membres, liens très utiles pour le grooming réciproque qui est avant tout un mode de soin. Il apprendra également avec ses aînés à se soigner par les plantes. C'est grâce à cet apprentissage des règles et du respect de la hiérarchie que le cheval est apte à devenir une monture et se soumet de bonne grâce à la volonté de l'homme.


1750-110



Un poulain élevé seul et surtout sans la présence d'un aîné n'aura pas un développement social cohérent. Il ne saura pas comment se comporter avec d'autres chevaux, n'apprendra pas le langage cheval, n'aura aucune notion de hiérarchie. Il aura de fortes chances de développer des troubles du contact, troubles psychiques: timidité extrême, anxiété, somatisation, agressivité, dépression. Il présentera un déficit d'intelligence émotionnelle et donc d'empathie.

Les poulains sevrés tôt puis placés en groupe d'âge et de sexes, sans adultes, manqueront des repères indispensables que seuls les adultes peuvent leur apporter.

Un poulain, n'est pas comparable à un animal de compagnie, comme un chien ou un chat. Il ne peut vivre à notre contact 24h sur 24. Le cheval ayant été domestiqué tardivement, il est bien plus proche de sa nature sauvage que le chien. Sans compagnie au pré, il aura tendance à considéré l'humain comme un congénère et à le traiter comme tel avec les risques que sa taille et son poids induisent. Le manque de repère social rendent son éducation bien plus difficile. Un cheval adulte a la taille et la force nécessaires pour imposer les règles en douceur.
Au moment de la distribution du foin dans l'écurie en hiver, une pouliche de 10 mois voulait se précipiter la première dans la stabulation. Le cheval adulte dominant, est passé devant elle, a levé son postérieur très calmement, pour le poser en douceur contre son poitrail et l'a poussée en arrière, jusqu'à ce qu'elle se retrouve derrière lui. Il a reposé son postérieur et attendu qu'elle baisse l'encolure, qu'elle se calme et refrène son envie pressante d'entrer, avant d'entrer lui même, en premier, au pas, dans l'écurie. Il lui a appris à céder à la pression au sens équestre du terme.

Donner un compagnon, mouton , chèvre, vache, à un poulain seul, ne comblera qu'en partie sa solitude, mais ne contribuera pas à son éducation, ni à son besoin de contact. Le toilettage réciproque est très important. En plus d'être un comportement social d'amitié, il permet le massage de points d’acupunctures qui soulage les petits maux quotidiens. La frustration de toilettage peut conduire le poulain à devenir agressif envers son compagnon et à le mordre, en dernière extrémité.

La solitude n'est jamais appréciée quelque soit l'âge du cheval. Or dans de nombreuses écuries, les chevaux sont privés de contact entre eux: barreaux ou parois pleines les séparent les uns des autres et ils ont souvent lâché seuls dans un paddock de peur qu'ils ne se blessent s'ils sont plusieurs. Si les propriétaires prennent en compte l'aspect physique de leur cheval ils en oublient souvent l'aspect psychique et transforme le quotidien de leur cheval en un univers carcéral.
En milieu rural, le rêve d'avoir un cheval à la maison, confine celui-ci dans un grand pré mais dans  un désert social.
Dans les deux cas ces chevaux peuvent développer des problèmes comportementaux et de santé.

Les chevaux ont besoin d'appartenir à un groupe peu nombreux et stable dans un espace suffisamment grand. Mais lorsqu'ils vivent dans ces bonnes conditions, à plusieurs, au pré, il est parfois plus difficiles de les convaincre de vouloir travailler avec nous.

 Mais il est généralement admis que l'humain est plus intelligent et donc supérieur à l'animal, les convaincre ne devrait donc pas nous poser trop de problèmes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire