mardi 6 mai 2014

Parotides

Précisons d'abord ce que sont les parotides et ce qui se passe lors de leur « mise en place ».
 Le sujet me paraît important car l'une des juments dont je m'occupais a provoqué une véritable prise de tête et les explications, qu'on m'avait fournies à ce moment là, m'avaient laissée sur ma faim. Pour résoudre ce problème je m'en étais donc remise la jument. « Étoile » , parce que la tête dans les étoiles, était à la r'tourne. 
Jeune jument d'extérieur, elle fut travaillée en descente d'encolure et lorsqu'elle eu compris et trouvé son confort et un début de rectitude, le nez dans le sable, attitude librement choisie par elle et librement consentie par ma pomme, je commençais à raccourcir les rênes pour obtenir un attitude plus horizontale, encolure dans le prolongement du dos. De ce fait l'angle tête encolure diminua. Par les transitions d'allures et dans les allures, les postérieurs bien sous la masse, l'encolure remonta d'elle même et l'angle tête encolure se ferma encore plus. Je laissais faire.
Mais la jument devint irrégulière, pas dans ses allures mais dans sa concentration, son acceptation du travail. Un jour parfaite, docile et conciliante, le lendemain, branchée sur le mors irascible et insoumise. Les jours  "sans", j'en revenais au travail encolure basse, ce qu'elle acceptait volontiers et reprenais le travail « haut » les jours "avec". Le lendemain d'un jour "avec" elle ne vint pas se frotter la tête contre moi, contrairement à son habitude. Alors que je prenais l'initiative de la caresser en montant les mains de chaque côté de sa tête, je senti deux protubérances chaudes sous les oreilles le long du maxillaire inférieur, l'une à gauche plus importante. C'est ainsi que je fis connaissance avec les parotides: les glandes salivaires du cheval qui se situent sous la branche de la mandibule, partie verticale de la ganache qui remonte vers l'oreille. Elles sont normalement invisibles puisque cachées sous la ganache, mais lorsqu'au cours du travail l'angle tête encolure se ferme, si la cravate du cheval(l'attache tête encolure) n'est pas assez fine, trop musclée chez les entiers ou trop de gras, elles peuvent être comprimées et ressortent sur le coté de la ganache. Lorsqu'elles sont apparentes sur le coté de la ganache elles sont inflammées . Cette inflammation peut provoquer l'arrêt de la sécrétion de salive ce qui peut aller jusqu'à empêcher le cheval de manger dans les cas les plus aigus. Même lorsque la production de salive n'est pas affectée, l'apparition des parotides est toujours un indice à prendre au sérieux. Il indique que, dans le travail du cheval , l'angle tête encolure est trop fermé et nécessite de la part du cavalier de revenir à un angle tête encolure plus ouvert. Les parotides apparaissent lorsque le cavalier demande une cession de nuque dans un angle tête encolure trop fermé.
Pour « Étoile » on m'a dit: « t'inquiète pas ça va passer avec le travail » et « attention repos jusqu'à ce que l'inflamation passe » ceci ne me satisfaisait pas du tout. Donc j'ai cherché et c'est Steinbrecht qui m'a fourni les explications le plus complètes, comme quoi les anciens sont à étudier.

On peut objecter que certains chevaux n'ont pas l'écartement suffisant pour que les parotides puissent y trouver suffisamment de place...

Mais si certains chevaux ont une auge étroite tout leur squelette est en rapport, fin et étroit, comme c'est le cas des pur sang arabes pour lesquels on invoque l'étroitesse de leur mandibules pour justifier leur port de tête. Or j'ai eu l'occasion de monter des PSAR qui toléraient parfaitement le ramener. Une trotteuse à la tête étroite mais à la cravate particulièrement fine donnait un ramener parfait, sans que jamais les parotides ne soient apparues. J'en avais déduit que c'était plus une question d'épaisseur de cravate donc de muscles que d'étroitesse de tête.
Par contre un SF particulièrement bien proportionné, mais malheureusement travaillé en rênes allemandes uniquement, à l'obstacle, présentait la fameuse « cassure » d'encolure au niveau de la troisième vertèbre, et les parotides apparentes. Cette « cassure » était pour moi , à l'origine d'une nuque raide, qui ne cédait, pas et d'une cravate impossible à affiner sans intervention d'un ostéopathe. Ben, oui, j'y reviens encore, mais malgré toutes leurs sciences et techniques, il est des « blocages squelettiques » auxquels les cavaliers les plus savants ne peuvent remédier.

Concernant les chevaux de dressage qui présentent des parotides apparentes...
Les chevaux destinés au dressage sont sélectionnés pour cette discipline, donc le ramener devrait être pris en compte dans cette sélection, alors je m'étonne qu'un cheval au maxillaire étroit qui ne pourra pas naturellement fermer l'angle tête encolure puisse être présenté sur un carré de dressage, surtout à haut niveau. On les sélectionne pour leur amplitude naturelle des gestes des antérieurs, amplitude qui ne peut se développer que sur une encolure haute, encolure haute qui n'est gérable qu'en cession de nuque, cession de nuque qui ne s'obtient facilement qu'avec un maxillaire assez large pour que les parotides restent à leur place, en dessous, car si elles ressortent le cheval est gêné et ne cèdera pas correctement dans sa nuque, encolure haute. Donc à moins d'un problème d'encolure « blocage de cervicales » on ne devrait pas voir les parotides sur un cheval de dressage de haut niveau.  Le cavalier devrait tolérer que le chanfrein ne soit pas vertical mais au delà de la verticale.



"Avec un cheval aux ganaches peu écartées, il faut savoir limiter la fermeture de la nuque...et obtenir la remontée et le soutien de l'avant main par un juste travail de l'arrière main."(Yves Katz)
Mais un cheval généreux pourra fermer de lui même l'angle tête encolure, même sur des rênes longues, c'est donc aussi sur la durée de l'exercice, dont résulte le port de tête, que le cavalier devra jouer.


Le cavalier devra veiller également à affiner cette fameuse « cravate ».
Étoile m'a appris à laisser de coté tout exercice qui amenait le relèvement prononcé du garrot entre les épaules, travail de 2 pistes transitions rapprochées et reculé,(à moins de les pratiquer comme Pradier, le nez dans le sable, mais je ne connaissais pas Pradier à ce moment là et ces exercices ne sont possibles qu'avec un engagement prononcé des postérieurs ce qui n'est pas applicables à tous les chevaux, mais c'est un autre débat) pour en revenir au travail de base, essentiellement le cercle en attitude basse, nuque jamais au dessus du garrot, le seul travail qu'elle acceptait volontiers tant que les parotides étaient apparentes et ceci pendant un temps assez long. Ce travail là fortifie et assoupli les postérieurs et surtout a le mérite d'affiner la cravate. Le cheval qui étire son encolure (tire la nuque vers l'avant ) muscle le dessus de l'encolure depuis le garrot et affine le dessous. En affinant le dessous de l'encolure les ganaches se dessinent sur tout leur pourtour, elles ne sont plus noyées dans l'attache de la tête à l'encolure. Le dessin net des ganaches est un indice qui me paraît valable pour savoir si un cheval est bien ou mal cravaté donc si les parotides risquent de ressortir ou non au cours de la formation du cheval.

« Étoile » était non seulement creuse (à la r'tourne) donc encolure plus musclée en dessous qu'au dessus mais fortement dissymétrique, coté gauche plus long que le coté droit, c'est aussi pour cela que sa parotide gauche était plus enflée que la droite. Encore une raison pour continuer dans le travail de base d'étirement global et de renoncer à tout relèvement d'encolure prématuré malgré sa bonne volonté certains jours.

Il me semble qu'il faut également s'interroger sur les parotides lorsque le cheval présente une différence de salivation d'un coté par rapport à l'autre dans le travail. J'ai pu remarquer que certains cavaliers trouvaient normal l'apparition de ces protubérances molles sur le coté des ganaches: on m'avait dit pour Étoile que « c'était normal et que cela passerait avec le travail ». Mais même si elles n'occasionnent aucune gêne, elles restent un indice dont le cavalier doit tenir compte dans la progression qu'il propose à son cheval.

 Revenir au travail de base n'est jamais une perte de temps, bien contraire.

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